23 MAI 2023 - JOURNEE INTERNATIONALE POUR L’ELIMINATION DE LA FISTULE OBSTETRICALE « 20 ans après - Des progrès mais pas assez ! Agissez maintenant pour mettre fin à la fistule d'ici 2030
« J'ai eu la fistule à la suite d’un accouchement difficile d'un mort-né et depuis lors je n'arrivais plus à contrôler mes urines. J'étais la risée de tout le monde, écartée et délaissée par ma propre famille, en premier lieu par mon mari. Après l'accouchement et ayant constaté l'écoulement continu des urines, mon mari m'a dit de me considérer comme divorcée. A l'hôpital régional de Gao, j'ai subi une seconde opération de la fistule et je suis guérie. HM, 27 ans divorcée, réside à Temera commune de Bourem (Gao -2022)
Tel que désigné par l'Assemblée générale des Nations Unies, la Journée internationale pour l'élimination de la fistule obstétricale est célébrée chaque année le 23 mai.
Alors que nous commémorons cette journée sous le thème " 20 ans après - Des progrès mais pas assez ! Agissez maintenant pour mettre fin à la fistule d'ici 2030 ! ", nous devons absolument entreprendre des efforts plus grands pour réduire les blessures et incapacités liées à la maternité.
La fistule obstétricale est une perforation entre le vagin et la vessie et/ou le rectum, due à un travail prolongé et qui se produit en l'absence de soins obstétricaux rapides et de qualité. 90 % des grossesses impliquant une fistule se terminent par une mortinaissance.
Dans le monde, 50 000 à 100 000 femmes sont touchées par la fistule obstétricale chaque année. D'après ces chiffres, et en référence à une prévalence de 2 millions en 2003, mettre fin à la fistule d'ici 2030, comme l'ont demandé les États membres de l'ONU, peut-être à notre portée avec des efforts et des investissements intensifiés.
Avec seulement sept ans avant 2030, nous aimerions profiter de la Journée internationale de cette année pour réfléchir sur les progrès réalisés, sensibiliser et générer un nouveau soutien politique et financier pour la campagne menée par l'UNFPA pour éliminer la fistule : une campagne mondiale qui s'attaque à cette maladie dévastatrice drame de santé publique.
C’est dans ce sens que, conformément à son mandat, l’UNFPA Mali renforce le système de santé pour la fourniture des services de santé sexuelle et reproductive de qualité qui atteignent chaque personne, chaque population sans distinctions de statut, de groupe d’appartenance, de culture, y compris les populations vivant en zones humanitaires.
Au Mali, selon les estimations du ministère de la Santé et du développement social, environ 2000 cas de fistule obstétricale surviennent chaque année (sur la base de 600 000 naissances par an), parmi lesquels moins de 10 % ont accès à la prise en charge chirurgicale.
Ces données s’expliquent entre autres par :
- Une faible disponibilité de ressources humaines qualifiées pour assister les naissances : le ratio de professionnel de santé au niveau national est de 2,16 pour 10 000, ce qui reste largement inférieur à la norme de 23 pour 10 000 habitants recommandés par l’OMS. 90% des sage-femmes se trouvent à Bamako et dans les capitales régionales. Le milieu rural qui représente plus de 60% des femmes en âge de procréer ne bénéficie que de 10% des sage-femmes,
- Un faible accès aux services de santé de la reproduction de qualité y compris de planification familiale,
- Une prévalence élevée du mariage des enfants, (15% avant 15 ans et 55% avant 18 ans) et des mutilations génitales féminines (touchant 90% des femmes de 15-49 ans), tous facteurs qui constituent entre autres des causes directes et indirectes de la fistule obstétricale.
En près de deux décennies, avec l’appui de UNFPA, le ministère de la Santé et du développement Social du Mali a développé deux plans stratégiques en vue de cadrer et coordonner les interventions en matière de lutte contre la fistule. Entre 2017 et 2020 (soit 4 ans), selon les données du système local d’information sanitaire (SLIS), 916 cas de fistule obstétricale ont été enregistrés par les services de santé sur lesquels 742 soit 81 % ont été opérés avec un taux de succès avoisinant les 65 %,
Dans le cadre de la mise en œuvre du plan stratégique 2018-2022, l’UNFPA appuie la réalisation des campagnes de prise en charge des femmes porteuses de fistule obstétricale. L’objectif principal visé par ces campagnes est de restaurer la dignité des femmes qui souffrent de cette affection invalidante à travers des services de prise en charge gratuite et de qualité. La campagne réalisée en 2022 a enregistré plusieurs résultats notamment :
- Prise en charge de 312 femmes porteuses de fistule obstétricale à travers une campagne nationale ;
- Renforcement des compétences de 20 chirurgiens en matière de prise en charge de la Fistule Obstétricale sur le plan national et au niveau régional (Coopération Sud-Sud : participation de deux experts chirurgiens du Mali à des missions opératoires en Côte d’Ivoire, organisation d’un stage de perfectionnement pour 3 chirurgiens mauritaniens au Mali) ;
- Dotation de 7 établissements de santé en Kits de prise en charge de la fistule.
Cependant, des défis persistent. Il s’agit entre autres du faible accès aux services de prise en charge, de la faible capacité des structures de prise en charge, des barrières culturelles et structurelles qui entravent la réintégration sociale des femmes opérées, des inégalités socio-économiques et de genre qui aggravent le risque de fistule chez les femmes/filles.
C’est pourquoi nous profitons de cette Journée symbolique pour maintenir la fistule à l'ordre du jour mondial, pour améliorer notre travail avec nos partenaires et pour renforcer les mécanismes de coordination avec nos alliés dans le secteur de la santé maternelle et néonatale.
Nous vous encourageons aussi à vous engager activement avec des ressources fournies pour soutenir le mouvement mondial pour mettre fin à la fistule. C'est grâce aux efforts collectifs de nous tous que nous redonnerons de l’espoir à ces femmes qui souffrent de cette affection, que nous améliorerons la vie, la dignité, les droits et le bien-être des femmes et des filles dans toute leur diversité.
