« Ce que veulent les femmes et les filles a de l’importance : nous devons faire progresser l’égalité de genre pour créer un monde plus juste, plus résilient et plus durable aux possibilités infinies ».
Par Yves Sassenrath
Les aspirations des femmes et des filles sont légitimes, en toute circonstance, que ce soit dans des contextes humanitaires et de développement : Le progrès en matière d’égalité des genres nécessite d’écouter les voix des femmes, des filles et des autres personnes marginalisées pour comprendre les défis auxquels elles font face et leur permettre de réaliser leurs rêves et leur potentiel.
Représentant 49,7 % de la population, elles sont pourtant souvent ignorées dans les discussions sur la démographie et leurs droits sont violés dans les politiques liées à la population. Le résultat ? Un monde qui exclut et marginalise la moitié de la population de notre planète, c’est-à-dire un problème qui nous prive toutes et tous d’un avenir plus prospère, plus paisible et plus durable.
La célébration de la journée mondiale de la population ce 11 juillet constitue une période de réflexion sur l’état de la population. Cette année nous commémorons sous le thème international : « La libération du pouvoir de l'égalité des genres : faire entendre la voix des femmes et des filles pour libérer les possibilités infinies de notre monde ».
La racine de ce problème est l’inégalité des genres : cette injustice omniprésente prive les femmes et les filles de scolarité, d’une place dans le monde du travail et de postes de décision ; elle limite leur pouvoir d’action et leurs possibilités de prendre des décisions en matière de santé, de sexualité et de reproduction ; enfin, elle renforce leur vulnérabilité à la violence, aux pratiques néfastes et aux décès maternels évitables – en effet, une femme meurt toutes les deux minutes des suites de sa grossesse ou de son accouchement.
Lorsque les sociétés permettent aux femmes d’être autonomes et de disposer elles-mêmes de leur vie et de leur corps, elles et leurs familles s’épanouissent, comme le montre bien le Rapport 2023 sur l’état de la population de l’UNFPA. Avec comme conséquence un monde meilleur, plus inclusif, en mesure d’affronter les changements démographiques et les défis que l’avenir lui réserve. Cette Journée mondiale de la population nous rappelle que nous pouvons atteindre l'avenir prospère, pacifique et durable envisagé par la CIPD et le Programme de développement durable à l'horizon 2030 si nous exploitons le pouvoir de chaque être humain sur la planète.
Au Mali, la dernière enquête démographique et de santé (EDS) sur l’Indice Synthétique de Fécondité (ISF) est de :
- 6,3 enfants/femme en 2018, seulement 16 % des femmes de 15-49 ans en union utilisent une méthode moderne et le taux de mortalité maternelle est de 325 décès pour cent mille naissances vivantes.
- Concernant les VBG, la même source indique que 45 % des femmes de 15-49 ans ont subi des actes de violence physique ou sexuelle et entre 2006 et 2018, la proportion de femmes de 15-49 ans ayant subi des actes de violence physique a augmenté passant de 32 % à 43 %.
- Seulement 10 % des femmes participent dans les prises de décisions importantes du ménage, alors que 63 % des femmes n’ont été associées à la prise d’aucune décision.
- 66% des femmes de 15-49 ans n’ont aucun niveau d’instruction. Cette proportion est de 53 % parmi hommes de 15-49 ans.
Ce qui laisse entrevoir que le pays est un foyer important d’inégalités sociales. Cette tendance sociale constante irradie les relations femmes-hommes, et l’inscrit inévitablement dans un rapport inégalitaire. Ces inégalités se ressentent également dans les domaines de l’emploi, de la santé et de l’éducation.
Avec environ 51% de sa population composée de filles et femmes, le Gouvernement du Mali dans son engagement pour la cause de la population particulièrement les femmes et les filles choisit comme thème national " Accélérons l'accès des filles et des adolescentes à la santé, à l'éducation et aux opportunités économiques " pour capitaliser leurs rôles dans le processus de développement du Monde.
L’état de la population comme véritables questions de développement souligne le besoin de faire progresser l’égalité des genres pour permettre à 8 milliards de personnes de réaliser leurs rêves dans un contexte où les "Possibilités infinies du Monde sont vues à travers les femmes".
L’UNFPA au Mali dans sa mise en œuvre du plan d’actions de la Conférence International sur la Population et le Développement (CIPD) et la réalisation des Objectifs de développement Durable d’ici l’horizon 2030 milite sur des initiatives permettant l’écoute des voix des femmes, des filles et des autres personnes marginalisées et par l’adoption de lois et de politiques qui leurs permettent d’exercer leurs droits et de faire de meilleurs choix.
Nous devons absolument atteindre l’égalité des genres pour créer un monde plus juste, plus résilient et plus durable. La créativité, l’ingéniosité, les ressources et la puissance des femmes et des filles sont fondamentales pour faire face aux difficultés diverses qui menacent notre futur : évolutions démographiques, changement climatique et conflits.
Il y a trente ans, le monde s'est uni derrière une vision commune de l'avenir, qui reconnaissait les droits des femmes et des filles comme essentiels au développement mondial. La solution est claire : l'accélération de la progression de l'égalité des sexes - par l'accès à la santé et aux droits sexuels et génésiques, une meilleure éducation, des politiques du travail appropriées et des normes équitables sur le lieu de travail et à la maison - se traduira par des familles en meilleure santé, des économies plus fortes et des sociétés résilientes. Investir dans l’égalité des genres aujourd’hui, c’est investir dans notre avenir à toutes et tous.
Bonne célébration de la journée de la population 2023,
Yves SASSENRATH
Représentant Résident UNFPA Mali