Mieux vaut tard que jamais. Après les troubles socio politiques qu’a connus le Mali en 2012, le gouvernement a procédé en fin décembre 2013 au lancement de la campagne pour l’accélération de la réduction de la mortalité maternelle en Afrique.
Un évènement parrainé par la première dame, l’épouse du Chef de l’Etat et présidée par le ministre de la santé Ousmane Koné. On notait la présence des partenaires techniques et financiers avec en tête le Fonds des Nations Unies pour la Population, partenaire principal du gouvernement pour le lancement de la CARMMA.
L’objectif de la campagne est d’accélérer la disponibilité et l’utilisation des services de santé de qualité universellement accessibles, y compris ceux liés à la santé génésique et sexuelle qui sont essentiels pour la réduction de la mortalité maternelle.
Comment se présente la situation de la mortalité maternelle au Mali et quelles en sont les principales causes ?
Dans une présentation faite par le Pr Amadou Dolo, gynécologue obstétricien, il ressort que les hémorragies représentent 25%, des causes de décès maternelle ; suivies des infections pour 15% et les avortements pour 13%.
Par conséquent, le Pr Dolo en appelle aux couples à éviter les grossesses précoces, nombreuses et tardives. L’utilisation des méthodes de planification peut aider dans ce sens.
Son appel a été repris par les comédiens du Projet Jeunes, soutenu par l’UNFPA.
Les messages en bambara des jeunes acteurs incitent les couples et les femmes en âge de procréer à fréquenter les centres de santé et à utiliser des méthodes de planification familiale qui peuvent aider à sauver la vie de la mère et de l’enfant
Le lancement de la CARMMA intervient au moment où le Mali, selon le président de la Fédération Nationale des Associations de Santé Communautaire (FENASCOM) Yaya Zan Konaré, a déjà développé des stratégies visant à une réduction du niveau de mortalité maternelle. Ces stratégies vont de l’extension de la couverture sanitaire avec la fonctionnalité de nouvelles aires de santé, au renforcement et l’équipement de plusieurs centres de santé communautaires (CESCOM) et centres de santé de référence (CSREF).
En dépit de ces efforts du gouvernement, le taux de mortalité maternelle reste encore élevé au Mali en passant de 582 à 464 décès pour 100 mille naissances vivantes entre 2001 et 2006 selon l’Enquête Démographique et de Santé (EDS IV).
Parmi les causes à ce taux élevé de mortalité maternelle, le ministre de la santé et de l’hygiène publique Ousmane Koné a relevé la faible utilisation des services de santé. Pour le ministre, il est inadmissible que les femmes et leurs bébés payent un si lourd tribut à la mortalité maternelle, néonatale et infantile alors que le monde dispose plus que jamais de moyens techniques et technologiques importants.
Même conviction partagée par le Représentant de l’UNFPA pour qui aucune femme ne doit mourir en donnant la vie.
Makane Kane a rappelé à cet effet, les stratégies à développer allant dans le sens de la sécurisation de la grossesse et de l’accouchement. Il s’agit, notamment, de traduire en actions concrètes l’amélioration du leadership national et de l’engagement politique pour la santé maternelle et néonatale ; de mobiliser le soutien et la participation de l’ensemble des acteurs nationaux (gouvernement, agences des Nations Unies, ONGs, organisations de la société civile, patronat, organisations professionnelles, écoles, institutions de formation en santé et médias) ; de renforcer la sensibilisation et la mise en œuvre d’approches novatrices de mobilisation communautaire pour lever les obstacles socioculturels et booster la planification familiale ; de promouvoir la sécurisation des produits de santé de la reproduction et une offre de services de santé maternelle et néonatale de qualité ; de promouvoir une plus grande mobilisation de ressources pour la santé de la reproduction, notamment par une meilleure contribution nationale au financement accordé aux produits contraceptifs et à travers des mécanismes de financement innovants.
M Kane a insisté sur un des principaux défis qui consiste à veiller à ce que les engagements pris, soient traduits en actions axées sur les résultats et mesurées par indicateurs qui reflèteront la redevabilité mutuelle des efforts pour une réduction durable des niveaux de mortalité maternelle et néonatale.