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Du 14 au 16 janvier 2020 le Représentant de UNFPA Mali Dr Eugène KONGNYUY était en mission de terrain à Mopti, une région du centre du Mali où l'UNFPA intervient en dépit de la situation de crise humanitaire qui a conduit à un afflux massif de déplacés internes sur la ville de Mopti.

L'objectif de cette mission était de s'imprégner de l'impact des interventions de l'UNFPA sur la vie des populations, de voir les conditions de travail des acteurs de terrain, de relever les insuffisances décelées dans la mise en œuvre du 7ème programme de coopération (CPD7) qui a pris fin en 2019 et en prélude au démarrage du CPD8. La coordination du sous-groupe VBG sous le leadership de UNFPA a aussi été évoquée au cours de la rencontre avec les agences du système des Nations Unies et la MINUSMA.

Le déplacement du Représentant et de son équipe à Mopti a coïncidé avec la visite d'une délégation suisse et de la croix rouge au One Stop Center.

Dr Eugène KONGNYUY dresse ci-dessous, un bilan satisfaisant de sa visite à Mopti.

« J'ai vu que les besoins sont énormes. Nous avons visité trois sites de déplacés où j'ai constaté que chaque site à plusieurs familles et plusieurs personnes qui ont des besoins spécifiques en termes de santé et particulièrement de santé de la reproduction, en terme d'éducation, de nutrition, d'accès à l'eau et  d'abri. Les besoins sont donc énormes surtout dans le camp de Sirifi où les populations sont arrivées il y a à peine dix jours.

La deuxième chose que j'ai notée est la bonne collaboration entre tous les partenaires. Nous avons eu des réunions avec les partenaires nationaux, le Gouvernement, les partenaires des Nations unies et les ONGs. J'ai apprécié la coordination de OCHA avec les autres partenaires et la MINUSMA. J'ai aussi apprécié le fait que le Gouvernement est très réceptif et compréhensible dans l'orientation et est ouvert à l'appui des partenaires.

La Coordination VBG qui est sous le leadership de UNFPA et la délégation régionale de la Promotion de la Femme de l'Enfant et de la Famille est appréciée par les partenaires. Ce qui veut dire que mes constats s'alignent avec l'appréciation des partenaires. On devait avoir le même niveau de coordination dans les autres régions.
J'ai aussi noté que le système de santé est fortement basé sur les soins de santé primaire. Au CSCom que nous avons visité, le personnel nous a expliqués le fonctionnement de ce système. Ce que j'en retiens c'est que :

1. Ce système de soins de santé primaires est fonctionnel même s'il n'est pas parfait. Il contribue à abaisser le niveau de la mortalité maternelle (MM). Ce n'est pas le niveau qu'on souhaitait avoir mais avec 325 décès pour 100 mille naissances vivantes, la MM est plus bas au Mali qu'au Sénégal, en Mauritanie, au Niger, au Cameroun, au Tchad, au Nigeria, c'est à peu près le même niveau que celui du Ghana.

Étant donné le contexte du Mali et du fait que la MM est un indicateur du fonctionnement du système de santé, cela permet de dire que le système de santé qui est basé sur les soins de santé primaires est fonctionnel et c'est là où on doit mettre les ressources,  renforcer ce système et laisser le système de santé tertiaire au secteur privé...

Les CSCom sont ouverts aux déplacés qui peuvent accéder, gratuitement, aux services de planification familiale et le personnel aussi se déplaçait sur les sites pour offrir les services aux déplacés. C'est quelque chose que j'ai beaucoup appréciée.

2. Dans l'appui de l'UNFPA, j'ai apprécié le One Stop Center qui est fonctionnel et que j'ai visité avec la délégation suisse. Le One Stop Center de Mopti est un centre d'excellence et je crois que les autres pays peuvent tirer des leçons et apprendre beaucoup de ce centre. Le Mali est en train de se positionner comme un bon exemple dans le domaine de la prise en charge holistique des survivantes des VBG. Avec tous les services disponibles (médical, psychosocial, juridique et un espace pour les enfants qui ont subi des violences...) le Centre permet à la survivante de raconter son histoire, une seule fois, et quand c'est enregistré, elle  n'aura plus besoin de la reprendre, à chaque étape  du processus de prise en charge.

3. Les salons de coiffure sont une innovation en matière de sensibilisation à la PF. Après sa formation, la promotrice du salon est dotée en matériels et produits PF qui lui servent à sensibiliser les clientes qui viennent se faire coiffer. Pour le moment, cette innovation est visible dans deux régions (Segou et Mopti) mais je pense qu’UNFPA doit la mettre à l'échelle. Cette nouvelle méthode est en train de schifter la discussion dans les salons de coiffure puisqu'elle est désormais centrée sur les méthodes PF.

DES GAPS À COMBLER !

Malgré ces avancées il y a quand même des gaps : premièrement, la réponse aux déplacés qui est encore timide surtout pour ceux qui viennent d'arriver. Je prends le cas des déplacés installés dans une école. Les hommes sont séparés des femmes. Cela pose un problème de protection parce que les hommes ne doivent pas séparés de leurs familles.
Il faut qu'on trouve le moyen de réinstaller ailleurs ces déplacés parce que l'école n'est pas le site idéal pour des déplacés.
Je note aussi que la réponse de UNFPA n'est pas optimale. Nous avons donné des kits de dignité mais il manque les kits IST et d'accouchement. Les kits de viol sont disponibles au One Stop Center. Il y a donc un problème de rapidité, de complétude et de coordination avec tous les partenaires pour assurer une réponse compréhensible ».